Répression contre Zündlumpen

2019 - ?
Sommaire

En avril 2022,[1] octobre 2022,[2] et février 2025[3] plusieurs perquisitions ont eu lieu dans le cadre d'une enquête contre les éditeurs du journal anarchiste allemand Zündlumpen, publié entre 2019 et 2021. En février 2025 deux personnes, N. et M., ont été arrêtées : elles ont été accusées d'être des éditeur·ice·s de Zündlumpen et suspectées d'avoir commis plusieurs incendies volontaires.[4]

En avril 2022 une perquisition d'une imprimerie a eu lieu au cours de laquelle la police a saisi des milliers de livres, brochures, et journaux, ainsi que l'équipement et le matériel d'imprimerie, vraisemblablement dans une volonté de perturber les capacités d'impression des anarchistes locaux.

Techniques utilisées

NomDescription
Cartographie de réseau

Les enquêteurs ont affirmé que, puisque que N. et M. étaient en couple, iels commettaient probablement des incendies ensemble.[5]

Chiens de détection

Dans certaines des perquisitions, la police a utilisé des chiens de détection pour localiser des appareils électroniques.[3]

Les enquêteurs ont fait une visite discrète des cabanes où vivaient N. et M. et, avec des mouchoirs, ont prélevé des échantillons d'odeur sur des objets suspectés d'appartenir à N et M.[5] Dans les mois suivants, à trois reprises, après qu'un incendie volontaire ait été commis dans la région, ils ont amené les mouchoirs sur le lieu de l'incendie et les ont fournis à des chiens de détection, en demandant aux chiens de localiser les odeurs. Les chiens ont indiqué avoir localisé les odeurs sur des restes d'allume-feu, d'emballages d'allume-feu, et d'un bouchon de bidon d'essence.

Lors des arrestations de février 2025 de N. et M., des échantillons d'odeur ont été prélevés sur leurs nuques et présentés à un chien de détection.[4]

Collaboration des fournisseurs de service
Autres

Les enquêteurs ont utilisé la collaboration de banques pour :[6]

  • Analyser les relevés bancaires d'une éditrice présumée du journal, y compris des relevés bancaires vieux de 8 ans, pour déterminer si la personne avait acheté du matériel d'imprimerie.
  • Obtenir, en temps réel, les emplacements des retraits d'espèces faits par N. Quand un retrait d'espèce avait lieu, les enquêteurs envoyaient une patrouille à l'emplacement du retrait pour essayer de localiser N. Cependant, cela n'a pas fonctionné, apparemment parce que la patrouille arrivait toujours trop tard.
  • Réduire la limite maximale de retrait d'espèces de N. pour la forcer à faire plus de retraits et augmenter les opportunités de la localiser.

Les enquêteurs ont demandé à plusieurs entreprises de fournir des informations sur N. :

  • À des entreprises de vente par correspondance, de fournir les adresses de livraison qu'elle utilisait.
  • À PayPal, Ebay, et des entreprises similaires si elle avait un compte chez eux, et, si oui, quelles adresses étaient associées au compte.
  • À l'entreprise ferroviaire publique allemande (Deutsche Bahn) et l'exploitant d'autobus FlixBus de fournir des informations sur ses voyages.
  • À son ancienne école professionnelle de fournir la liste des participants aux cours de l'école, vraisemblablement pour identifier ses possibles contacts.
Opérateurs de téléphonie mobile

Les enquêteurs ont utilisé la collaboration des opérateurs de téléphonie mobile pour intercepter :

  • Les appels de la mère de N.[6] Cela leur a permis d'apprendre que N. prévoyait de rendre visite à sa mère pour Noël, ce qui leur a permis de placer N. sous surveillance physique.
  • Les appels de personnes soupçonnées d'être proches de N. et M.[5]
Coopération internationale

Des perquisitions ont eu lieu en Autriche, ciblant des personnes soupçonnées d'être proches de N. et M.[5]

Dispositifs de surveillance cachés
Audio

Des microphones ont été installés :[5]

  • Dans une forêt, dans ou autour des cabanes où vivaient N. et M.
  • Dans la voiture de N., après que N. l'ait laissée sans surveillance pendant quelques heures.
Localisation

Une balise GPS a été installée sur la voiture de N.[5]

Vidéo

Des caméras ont été installées :[5]

  • Dans une forêt, autour des cabanes où vivaient N. et M.
  • Dans une cave louée par N.
  • Dans les appartements de personnes soupçonnées d'être proches de N. et M.
  • Sur un pont ferroviaire avec un chemin pour piétons et cyclistes. Les enquêteurs ont affirmé avoir reconnu M. sur les images de la caméra alors qu'iel traversait le pont à vélo peu avant ou après qu'un incendie volontaire soit commis à quelques kilomètres du pont.
Open-source intelligence

Les enquêteurs ont :[5]

  • Analysé plusieurs publications et sites web anarchistes, dont deux qu'ils ont estimé être des « projets successeurs » de Zündlumpen.
  • Suspecté N. de contribuer à un site web anarchiste francophone parce qu'elle parlait couramment le français.
Patrouilles de police

Les enquêteurs ont envoyé une patrouille de police devant l'appartement de N. chaque nuit à des horaires irréguliers pour vérifier si elle était à son appartement.[6]

Science forensique
ADN

Dans certaines des perquisitions, des traces ADN ont été prélevées sur un mégot de cigarette,[7] des brochures,[6] des livres, des portes, des tasses, et des machines d'impression.

Linguistique

Les enquêteurs ont comparé des textes du journal Zündlumpen à des lettres privées trouvées dans des perquisitions, dans l'espoir de prouver que des personnes avaient écrit dans le journal.[6]

Surveillance de masse
Vidéosurveillance

Trois mois avant un incendie volontaire, une caméra de surveillance de la faune sauvage a filmé une personne qui portait une veste orange en train de marcher.[5] Après l'incendie, les enquêteurs ont obtenu les images de la caméra et ont affirmé que la veste ressemblait à une veste portée à un moment par M.

Surveillance numérique ciblée
Contournement de l'authentification

Dans certaines des perquisitions, les policiers ont saisi des smartphones immédiatement après être entrés et les ont branchés à des batteries externes, vraisemblablement pour les empêcher de s'éteindre, ce qui aurait ré-activé leur chiffrement.[1]

Les arrestations de février de N. et M. ont eu lieu dans une bibliothèque publique, alors que N. et M. utilisaient un ordinateur.[4] Des agents de police en civil ont attendu que N. et M. déverrouillent l'ordinateur pour se révéler et mener l'arrestation, vraisemblablement pour accéder à l'ordinateur alors qu'il était déverrouillé.

IMSI-catcher

Les enquêteurs ont utilisé un IMSI-catcher pour identifier le numéro de téléphone de la mère de N. Ils l'ont utilisé à la fois au domicile de la mère et à son lieu de travail : la corrélation des deux utilisations leur a permis d'identifier le numéro de téléphone.[6]

Surveillance physique
Aérienne

Des drones ont été utilisés pour suivre N. et M. dans une forêt pendant une opération de surveillance physique cachée.[5]

Cachée

Les enquêteurs ont suivi N. pendant 15 jours.[6]

Visite discrète de domicile

Les enquêteurs ont fait une visite discrète des cabanes où vivaient N. et M. pour y prélever des échantillons d'odeur.[5]